suite(s)

Gustav se réveilla très tôt, surexcité. C'était le 25 décembre. Il balança sa couverture par terre, sortit en trombe de sa chambre, dévala les escaliers et courut au salon. Une pile de cadeaux attendait au pied du sapin. Il sourit et chercha ceux qui étaient marqués à son nom. Il trouva un paquet qui lui était adressé et commençait à déchirer le papier-cadeaux rouge vif lorsque son père lança :
"Eh !Tu ne nous attend même pas ?!
-Mais siii !répondit Gustav. Je...je regardais juste.
-L'emballage est déchiré !s'exclama Mr Schäffer.
-Oui...bon...peut-être !
-Allez, ouvre-le !"Le jeune homme ne se fit pas prier et découvrit une boîte de forme ronde, en carton, qui contenait une casquette Rip Curl. Il l'enfonça sur sa tête sans plus attendre et chercha ses autres cadeaux. Il découvrit encore une paire de baskets Adidas, deux jeux pour Playstation et un album de System Of A Down. Il se tourna vers ses parents, accroupis à côté de lui, et leur dit :
"Merci maman, merci papa !C'est génial.
-Je crois que tu as oublié un paquet, Gustav. Là-bas, sous le sapin."fit sa mère. Il haussa les sourcils et tendit le bras pour saisir un paquet rectangulaire, de longueur moyenne et pas très épais. Il se mordit la lèvre, cherchant à savoir qu'est-ce que ça pouvait bien être. Il enleva le scotch et défit le paquet avec délicatesse, pour finalement extraire du papier un écrin rouge. Il l'ouvrit avec des gestes précautionneux, et hoqueta de surprise. Deux baguettes de batterie s'offraient à sa vue, noires, toutes neuves. Il les prit dans ses mains et lut, gravé sur les objets : Ahead. C'étaient les mêmes baguettes que celles de Lars Ulrich, le batteur de Metallica. Il hurla de joie, sauta au cou de ses parents et courut à sa batterie pour jouer comme un dératé durant une bonne demi-heure.
L'après-midi, il se rendit chez Bill et Tom. Georg lui ouvrit, et ils échangèrent leurs cadeaux. Gustav reçut un immense poster à l'effigie de Metallica, un collier en perles de bois et une tasse décorée d'un Père Noël accompagné d'une jolie blonde. Bill eut une bague gothique et un pot de gel VivelDop fixation extrême(XD). Il éclata de rire et lança :
"Génial, les mecs !Et vous savez quoi ?Tom m'a offert une paire de santiags !Vous vous rendez compte ?!
-Des santiags !Waou !s'exclama Georg.
-Oui, et elles m'ont coûté très exactement...
-Mais tais-toi !coupa Bill. Tu ne dois pas me dire le prix !
-Je veux te montrer à quel point j'ai puisé dans mon argent pour te faire plaisir, ô toi mon cher frère !Tu m'es redevable pour l'éternité !
-Gnagnagna !Je te dois rien du tout !C'est Noël, soit fier de ta générosité !Moi, je lui ai offert une casquette et un médiator. Bon, ouvre tes cadeaux, Tom !
-Alors, alors...ouais, des bandeaux !Merci Gusty !
-De rien Tomi !
-Oh non, pas ce surnom !Ma maîtresse de maternelle m'appelait comme ça !Bref, passons sur cet épisode douteux de ma vie...des lunettes de soleil !Aha, trop fort Georg.
-C'est pour protéger tes yeux magnifiques et tellement fragiles de l'éclat de la neige, expliqua Georg.
-Très drôle !C'est à ton tour, maintenant."Gustav lui donna son cadeau, une chaîne en argent, puis les jumeaux lui tendirent un gros paquet en souriant de façon assez particulière. Soupçonneux, Georg ouvrit son second cadeau très lentement, comme si il allait lui exploser à la figure. Il ouvrit grand les yeux en découvrant deux bombes de peinture, noire et orange, et des immenses autocollants représentants des flammes.
"Mais qu'est-ce que c'est que ça ?!s'exclama t-il, abasourdi.
-Tu te rappelles pas ?demanda Bill tandis que son sourire s'élargissait.
-Tu vas enfin pouvoir personnaliser ta voiture !s'écria Tom.
-La Devilish Mobile !"cria Gustav en explosant de rire. Les trois autres l'imitèrent. Puis soudain, les souvenirs ressurgirent dans la mémoire du batteur. La conversation à propos de la décoration de la voiture de Georg, ils l'avaient eu juste avant d'aller à la fête de Julia. La fête de Julia, où Karen s'était transformée en ange et avait disparu. Karen...il avait eu tellement mal, au début. Les policiers l'avaient convoqué une bonne dizaine de fois au commissariat. Il était le petit ami de Karen, les soupçons se portaient vers lui. Si seulement il avait pu dire la vérité aux parents de la jeune fille. Il aurait voulu les apaiser, leur dire que Karen ne craignait rien, qu'elle était en sécurité. Il ne savait pas où allaient les anges, mais c'était un endroit où ils étaient protégés, il en était certain. Cela avait un peu calmé sa tristesse, mais pas sa haine. Karen n'était pas devenue un ange par hasard. Ils les avaient séparés exprès. Il allait téléphoner aux parents de la jeune fille. Il n'avait pas osé le faire depuis qu'ils étaient partis, mais aujourd'hui, il se sentait prêt à parler avec eux. Il devait les remercier de l'avoir défendu alors que la police l'accusait. Après avoir quitté ses amis, il rentra chez lui et composa le numéro que la famille de Karen lui avait laissé. Au bout de trois sonneries, on décrocha :
"Oui, allô ?"Gustav déglutit. Les battements de son coeur s'emballèrent. C'était...c'était la voix de Karen !Il raccrocha brutalement, et s'appuya contre le mur. Karen était revenue....Karen était revenue !Il prit son courage à deux mains et retapa les chiffres. Lorsque la tonalité retentit à ses oreilles, il eut de nouveau envie de raccrocher mais se retint.
"Allô ?!
-Heu...b-bonjour, est-ce que...heu...est-ce que tu pourrais me passer ta mère, s'il-te-plaît ?bafouilla Gustav.
-Qui est à l'appareil ?
-Gustav Schäffer.
-D'accord. Attendez deux secondes."Ainsi, elle ne se souvenait pas de lui. Il l'avait prévu. Néanmoins, cette ignorance lui transperça le coeur. Karen ne savait même plus qui il était. Un amour aussi puissant que le leur pouvait donc être effacé en quelques instants. Plongé dans ses pensées, il ne se rendit pas tout de suite compte que la mère de la jeune fille était au bout du fil.
"Gustav ?Gustav !
-Pardon !Je suis là !Excusez-moi, je pensais à quelque chose...
-Karen, n'est-ce pas ?
-Oui, avoua t-il. Ce...ça m'a fait un sacré choc de l'entendre, après tout ce temps.
-Je comprends. Je suis heureuse que tu aies appelé, Gustav. Je comptais le faire, maintenant que Karen est revenue. C'était incroyable !Nous étions en ville, et tout à coup, nous...nous l'avons entendu qui nous appelait. Elle était sur le trottoir en face...j'ai bien cru que je rêvais, mais son frère a couru vers elle et l'a prise dans ses bras, et...et elle était bien réelle !Je suis si bien...je ne pensais pas pouvoir ressentir un jour une joie aussi immense.
-Je...je me suis rendu compte qu'elle ne savait pas qui j'étais...
-Oui...elle a tout oublié, lui expliqua t-elle. Elle ne se souvient plus de rien. Elle garde en mémoire que nous avons emménagé à Loitsche, mais après cette période, plus rien. J'ai eu très peur qu'il lui soit arrivé...je ne sais trop quoi, depuis sa disparition, mais nous l'avons emmenée à l'hôpital et il se trouve qu'elle en pleine forme et en bonne santé. C'est le principal. Enfin, je suis réellement désolée qu'elle ne se souvienne plus de toi, Gustav. Elle t'aimait énormément, tu peux me croire.
-Je sais, madame. Moi aussi. Je l'aime toujours, ajouta t-il plus bas.
-Oh, Gustav...tu ne voudrais pas venir à Hamburg un weekend ?Peut-être...peut-être que la mémoire lui reviendrait...
-Je ne crois pas. Mais je veux bien, si ça ne vous dérange pas...je voudrais juste la revoir...
-Il n'y a pas de problème. Vous pourrez parler, comme ça...dit à ta mère de m'appeler, pour que nous réglions ça ensemble.
-D'accord. Merci beaucoup. Au revoir.
-A bientôt, Gustav."Il regretta d'avoir accepté dès qu'il raccrocha. Quel imbécile il était. Il n'en souffrirait que davantage.

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Karen était allongée en travers de son lit, pensive. Sa mère lui avait expliqué qu'ils allaient avoir la visite de son ex-petit ami, un garçon qu'elle avait rencontré dans son nouveau lycée. Gustav...d'après ses parents, elle avait été folle amoureuse de lui. Pourtant, elle avait beau fouiller dans sa mémoire, elle ne se rappelait pas de lui. Elle se demanda soudain si ils avaient...dépassé un certain stade. Elle se mordit la lèvre. Elle était vraiment impatiente de le voir.
Lorsqu'elle entendit la clé tourner dans la serrure de la porte d'entrée, signe que son père était rentré de la gare avec le garçon, elle retint son souffle et essaya de rester tranquillement assise sur le canapé. Sa mère se dirigea vers le hall et elle l'entendit saluer chaleureusement le nouvel arrivant. Une voix masculine inconnue lui répondit. Agréable à l'oreille, en tout cas. Et puis il apparut dans l'encadrement de la porte, et elle sentit son coeur rater un ou deux battements. Il était tellement...tellement...parfait. Il avait des cheveux blonds foncés un peu ébouriffés, des yeux marrons, un air très doux. Comment un garçon aussi beau avait-il pu devenir son petit copain ?!Elle vit ses lèvres frémir. Et, tout à coup, il vint vers elle et la prit dans ses bras.
"Karen..."chuchota t-il à son oreille. Un délicieux frisson parcourut sa colonne vertébrale. Elle se sentait atrocement bien. Ses parents les laissèrent seuls. Gustav finit par la lâcher, à son grand regret. Ils s'installèrent dans les fauteuils, face à face. Elle se tortilla les mains, ne sachant pas trop quoi dire. Heureusement, le garçon lui facilita la tâche :
"Je sais que tu ne te souviens pas de moi, mais je suis vraiment très content de te revoir.
-Heu...ah oui ?C'est...c'est gentil. Surtout que...tu as probablement une autre copine, maintenant, ajouta t-elle avec un ton plus amer qu'elle ne l'aurait voulu.
-Non.
-Non ?!
-Karen, je t'aime toujours. Mon amour pour toi n'a pas de limites, et je suis tellement convaincu que tu es mon âme soeur, qu'il est probable que je t'aime jusqu'à la fin de ma vie."La jeune fille ne pouvait pas se voir, mais il était très probable que ses joues aient rosi. Que pouvait-elle bien répondre à ça ?!
"Je...ça me touche vraiment, ce que tu me dis. Je voudrais réapprendre à te connaître, Gustav. Sincèrement.
-On va manquer de temps, répondit-il avec un sourire triste. Je repars demain après-midi. Et puis...il y a...des choses qui ne collaient pas entre nous, alors peut-être qu'il vaut mieux en rester là.
-Comment ça ?Des disputes ?
-C'était plus complexe. Mais je ne veux pas en parler. Je voudrais profiter de l'instant présent."Karen hocha la tête et sourit. Néanmoins, elle se posait des questions. Qu'est-ce qui avait pu clocher entre eux ?
Ils parlèrent beaucoup du lycée. Gustav évoqua des évènements qui s'y étaient déroulés, et auxquels ils avaient assisté tous les deux. Il lui parla aussi de Julia, de Bill, Tom et Georg, du voyage en Suède. Ses parents en avait déjà discuté avec elle, mais Gustav ajouta des détails qui lui étaient encore inconnus. Durant le dîner, il bavarda avec Peter tandis qu'elle l'observait. Elle ne se lassait pas de le regarder. Le repas terminé, ils restèrent un petit moment devant la télévision puis elle l'emmena dans la chambre d'amis et l'aida à défaire sa valise. Prise d'une soudaine impulsion, elle lui tapota l'épaule. Il se retourna et elle planta un rapide baiser sur ses lèvres. Il la regarda avec de grands yeux, si bien qu'elle se justifia :
"Excuse-moi, je...je ne sais pas ce qui m'a pris !"Il ne dit rien. La jeune fille murmura "bonne nuit" et quitta rapidement la pièce. Elle enfila son pyjama et se coucha.
Cependant, trois heures plus tard, Karen ne dormait toujours pas. Elle se leva discrètement et marcha à pas de loup jusqu'à la chambre d'amis. Elle poussa doucement la porte et se dirigea vers le lit. Les yeux du garçons étaient fermés, sa bouche entrouverte. La couette laissait son torse découvert. Elle se pencha vers lui et posa à nouveau ses lèvres sur les siennes. Seulement, cette fois-ci, une main chaude se glissa dans sa nuque et elle sentit Gustav intensifier le baiser. De son autre main, il releva la couette et elle se glissa en-dessous. Il roula au-dessus d'elle, la recouvrant avec son corps, et sa bouche glissa dans son cou.
"Mmmm...j'adore les baisers dans le cou...
-Je sais."répliqua t-il, et ils sourirent tous les deux. Puis Gustav recommença et elle savoura pleinement ce moment. Elle laissa ses mains s'égarer sur son torse et dénoua le cordon de son pantalon.
Ils se réveillèrent en même temps. Karen passa ses doigts dans les cheveux blonds du garçon avec un tendre sourire et murmura :
"Tu sais, ça me rappelle la première nuit qu'on a passé ensemble.
-La nuit la plus merveilleuse de ma vie !répondit Gustav.
-Oui, et on...
-Mais...Karen...
-Quoi ?
-Tu as retrouvé la mémoire !
-Hein ?Mais oui !Je me souviens de tout !Oh, Gustav !"Elle l'embrassa fougueusement. Des larmes de joie dévalèrent ses joues. Il fallait qu'elle l'annonce à ses parents, aussi !Elle courut vers la porte, mais alors qu'elle posait la main sur la poignée, elle fut projetée en arrière, sur Gustav. Ils tombèrent tous les deux sur le lit. La jeune fille se releva vivement, abasourdie, et regarda vers la porte. Elle retint un cri de justesse. Un homme et une femme, roux, se tenaient devant la porte, barrant le passage. Satan, et sa soeur, Dieu. Le passage dans l'Antichambre lui était brusquement revenu, avec tout le reste.
"Là, j'avoue, vous m'en bouchez un coin, lança Satan un sourire. Apparemment, quoi que nous fassions, vous vous retrouvez toujours ensemble !Je pensais que c'était bel et bien fini, mais non !
-Durant une année, j'ai retenu Karen à la Cité des Anges, mais ça ne t'as pas empêché de l'appeler dès qu'elle est revenue !Alors que tu ne l'avais jamais fait auparavant !ajouta Dieu.
-Enfin, nous avions encore un espoir que ça s'arrête là, mais maintenant que Karen a retrouvé la mémoire...
-On dirait bien que nous avons trouvé des humains à notre taille, continua la jeune femme. Enfin, nous avons compris maintenant.
-C-compris ?bredouilla Gustav.
-Oui. Compris qu'il était inutile de vous séparer.
-Gustav, tu resteras mien, et toi, Karen, tu seras toujours une Meneuse, mais puisque vous êtes réellement ce qu'on appelle des âmes soeurs, vous resterez ensemble, bien que vous troubliez l'équilibre entre le Bien et le Mal, fit le Diable en haussant les épaules.
-Maintenant, vous allez nous faire le serment que jamais vous ne révélerez quoi que ce soit sur nous, et sur tout ce qui nous entoure. Ensuite, nous nous retirerons et vous ne nous verrez jamais plus."Encore un peu sonnés par toutes ces paroles, les deux jeunes gens promirent de garder le secret. Dieu et Satan disparurent aussi vite qu'ils étaient apparus, et la porte de la chambre s'ouvrit d'elle-même. Karen osa un sourire, et serra Gustav contre elle.
"Le cauchemar est enfin terminé."